La chute d’Icare !

Comment interpréter cette légende grecque pour votre entreprise

Dans le cadre de l’événement Montréal en Lumière, le Centre design de l’UQAM présente le travail d’Albert Dumouchel, considéré comme le père de la gravure au Québec. Or, l’une de ses œuvres est LA CHUTE D’ICARE réalisée en 1963. Cela nous a fait penser à une prémisse de notre directeur, Daniel Tanguay, exprimée lors de l’atelier sur la planification stratégique en janvier dernier auprès d’une vingtaine d’entreprises.

QU’EST-CE QUE LE MYHE D’ICARE?

Vous avez accès à cette légende grecque racontée en mots simples en cliquant ICI, mais retenez qu’Icare, fils de Dédale, volait avec des ailes semblables à celles des oiseaux, confectionnées avec de la cire et des plumes. Voulant voler toujours plus haut, Icare s’est approché trop près du soleil, ce qui a fait fondre la cire. Ses plumes se détachèrent, l’entraînant dans une chute mortelle : la chute d’ICARE.

COMMENT INTERPRÉTER CETTE LÉGENDE EN AFFAIRES?

Daniel Tanguay expliquait lors de l’atelier que ce mythe peut servir à la réflexion des entreprises.

Parfois, lorsqu’on désire voler toujours plus haut, il nous arrive de prendre des décisions qui entraineront malheureusement notre chute à plus long terme. Soit que nos ailes deviendront plus lourdes à cause du nombre d’employés, soit par nos emprunts plus importants, soit par nos frais fixes plus élevés ou autres facteurs. Cela ne veut pas dire de ne jamais évoluer ou de ne pas grandir comme entreprise, mais de le faire de façon mesurée, par exemple avec un fonds de roulement qui permet de réajuster le tir au besoin.

On peut aussi interpréter ce mythe d’Icare de la façon dont certaines entreprises dérogent rarement de leurs forces ou de leurs façons de faire. Cela fait des années qu’ils opèrent de la même façon avec un certain succès. Ils volent toujours plus haut. Pourtant, le monde évolue autour d’eux, la concurrence se réajuste. Et ce qui était leur plus grande force devient parfois avec le temps… leur plus grande faiblesse. La cire et les plumes qui l’ont fait voler plus haut deviennent fragiles, près d’un environnement changeant comme le soleil. Oui, il faut maximiser sur ses forces, mais comme entrepreneur, il faut aussi savoir lâcher prise, accueillir de nouvelles idées et explorer des sentiers inattendus.

3 SITUATIONS DE NOS CLIENTS OÙ LA CHUTE D’ICARE PREND TOUT SON SENS !

Dans le cadre de nos interventions, nous conseillons nos clients en espérant apporter de nouvelles façons de faire, des points de vue différents, une vision extérieure. Dernièrement, trois situations avec certains de nos clients nous font penser que la chute d’ICARE pourrait se produire :

• L’entreprise X peine à donner un salaire à sa propriétaire. Voulant garder ses employés à tout prix, elle offre une rémunération bien au-dessus de ses moyens. Les employés sont heureux et généralement fidèles. Comme le service à la clientèle est leur grande force, les ventes sont toujours au rendez-vous. Néanmoins, l’accroissement des coûts de main-d’œuvre et du coût d’acquisition des marchandises réduisent les marges comme peau de chagrin. L’endettement personnel pour financer les opérations courantes de l’entreprise menace une faillite imminente. Cela vaut-il la peine de perdre sa maison pour maintenir le statu quo?

• L’entreprise Y vole très haut depuis plusieurs années. Un taux de croissance phénoménal grâce à la pandémie. Pourtant, une planification marketing déficiente. Une stratégie très peu grand public, davantage axée vers des clients déjà initiés. Une image de marque beaucoup plus cérébrale qu’émotive. De nouveaux concurrents apparaissent, car les opportunités d’achat local sont intéressantes pour intégrer le secteur d’activité. Avec la venue de ces nouveaux joueurs, les parts de marché sont à la baisse, même si les ventes de l’entreprise se maintiennent. Une nouvelle campagne publicitaire est proposée, audacieuse, nouvelle, émotive. Finalement, les gestionnaires refusent. Les employés ne la considèrent pas assez représentative de ce qui a été fait par le passé. On poursuit la même stratégie marketing antérieure. Les ventes seront-elles toujours au rendez-vous lorsque les nouveaux concurrents se seront établis dans le marché?

• L’entreprise Z possède une expertise très nichée. Le potentiel de ventes n’est pas énorme, surtout dans un contexte économique plus difficile. Pourtant un des services offerts est très rentable et assure le maintien de l’entreprise. Malheureusement, d’autres services offerts sont déficitaires, affectent le fonds de roulement de toute l’organisation et pourraient même entraîner la chute si rien n’est fait. Un plan stratégique est déposé. Il faut réduire, et même éliminer certains services non rentables. Les gestionnaires refusent. Enlever ces services aurait un impact sur les ventes du service rentable. Rien ne change. De nouveaux investisseurs sont trouvés. Le fonds de roulement est sauvé à court terme. Oui peut-être, mais pour combien de temps encore si les profits ne sont jamais au rendez-vous?

Einstein disait : « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent ». Dans un contexte aussi changeant que celui que nous vivons maintenant, vous devez être créatif et tenter de faire les choses autrement. Faites confiance aussi à ceux qui ne vous voient pas toujours comme vous le voulez. Ceux qui osent vous dire ce que vous devriez changer. Ceux qui vous alertent que la chute d’Icare pourrait être imminente si vous continuez de cette façon.

Et faites-vous confiance qu’en dehors des sentiers battus, vous pourrez trouver aussi une nouvelle façon de faire qui vous sera profitable. André Gilde disait : « L’homme ne peut découvrir de nouveaux océans sans avoir le courage de perdre de vue le rivage. »

L’équipe de Détail Formation