Infolettre du lundi 27 avril 2020
Bon lundi matin,
C’est cette semaine, peut-être même ce midi, que le premier ministre François Legault doit nous annoncer son plan de réouverture des commerces. Normalement, cela devrait être une bonne nouvelle en soi. Pourtant, nos sentiments sont ambivalents ce matin. Nous ne savons pas si nous devons être découragés, choqués, déçus, impuissants ou tout simplement résignés à l’évidence : votre petit café de quartier risque de fermer définitivement!
Peut-être avions-nous des attentes trop élevées? Mais avec la nouvelle mesure annoncée vendredi, l’Aide d’urgence du Canada pour le loyer commercial (AUCLC) nous nous attendions à davantage! Contrairement à l’emballement médiatique sur les bienfaits de cette mesure, chez Détail Formation, NOUS NE SALUONS PAS TOUT À FAIT ce nouveau programme.
Pourquoi mettre cette contrainte de 70 % de baisse des revenus? Pourquoi reposer le succès de cette mesure sur la bonne foi des propriétaires commerciaux? Enfin, pourquoi ne pas avoir été plus loin et ne pas avoir offert de payer EN TOTALITÉ les loyers des petites entreprises au lieu de laisser une balance de 25 %?
Nous nous attendions à un coup de barre important pour sauver les petites entreprises. Déjà, depuis vendredi soir, on ne parle que de l’aide aux grandes entreprises comme si pour les commerces de proximité, c’était chose du passé.
Devons-nous rappeler que nos commerces ayant pignon sur rue, et encore davantage ceux dans les milieux touristiques, sont carrément sur le bord du précipice. Les gouvernements leur disent : on ne vous demande pas de courir un marathon, mais juste de faire ENCORE un petit pas! Faut-il le rappeler, ils sont déjà sur le point de sombrer dans le précipice!
RÉVEILLEZ-VOUS! Cette mesure NE PERMETTRA PAS à vos commerces de quartier d’éviter la catastrophe. Bien sûr, payer 25 % du loyer commercial est mieux que 100 % et pour cette raison, on devrait s’en réjouir. Mais nous le répétons… C’EST LOIN D’ÊTRE SUFFISANT! Sans de l’aide additionnelle, c’est la mort annoncée de plusieurs commerces et peut-être même de notre vie de quartier telle qu’on la connaissait, et ce pour plusieurs mois.
Explications : L’Aide d’urgence du Canada pour le loyer commercial (AUCLC)
Selon ce qui a été rendu public et que l’on peut retrouver sur le site de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), voici les détails de cette mesure à la fois provinciale et fédérale :
- Dans le cadre du programme, des prêts-subventions seront accordés aux propriétaires d’immeubles commerciaux hypothéqués admissibles. Cela couvrira 50 % des trois loyers mensuels payables en avril, mai et juin par les petites entreprises admissibles qui éprouvent des difficultés financières.
- Le prêt accordé sera radié si les propriétaires d’un immeuble hypothéqué acceptent de réduire d’au moins 75 % le loyer des entreprises en location pendant les trois mois correspondants. Cela sera fait en vertu d’un accord de remise de loyer qui prévoira qu’aucun locataire ne pourra être expulsé durant la période visée par l’entente. La petite entreprise en location couvrirait le reste, soit jusqu’à 25 % du loyer.
- Les petites entreprises touchées sont les entreprises qui paient moins de 50 000 $ par mois en loyer et qui ont temporairement interrompu leurs activités ou dont les revenus précédents la COVID-19 ont diminué d’au moins 70 %. Ce soutien sera également offert aux organismes à but non lucratif et aux organismes de bienfaisance.
En termes clairs, admettons que votre loyer commercial est de 15 000 $/mois. Grâce à cette mesure, si votre propriétaire le veut bien, pour les trois mois, vous n’aurez qu’à payer 45 000 $ x 25 % = 11 250 $. Une belle économie sur papier.
Mais il y a plusieurs modalités de cette mesure qui N’ONT AUCUN SENS à notre avis. D’un côté, vous avez droit à cette réduction de loyer si vous ne faites que 30% de vos ventes, donc aussi bien dire qu’en mai et juin, pratiquement aucun revenu pour rembourser les 25 % restants. D’un autre côté, si vous tirez votre épingle du jeu pour votre relance et que vous faites 50 % de vos ventes habituelles, vous n’êtes plus admissible! Est-ce nous qui n’avons pas compris ou est-ce tout simplement une mesure STUPIDE?
Tous les médias saluent cette nouvelle. Vous pouvez prendre connaissance des articles de La Presse, Les Affaires, Le Journal de Montréal, TVA Nouvelles, Radio-Canada et de tous les journaux locaux. Ils vous diront tous la même chose. Même la Fédération des Chambres de commerce du Québec salue cette initiative, mais en ayant des réserves que cette mesure devrait aussi s’adresser aux plus grandes entreprises. Seule la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) a une opinion un peu plus nuancée, mais salue tout de même cette initiative.
CHEZ DÉTAIL FORMATION, NOTRE RÉPONSE EST… C’EST NETTEMENT INSUFFISANT et INEFFICACE POUR LE DÉCONFINEMENT DES PETITES ENTREPRISES!
C’est certain comme le dit le proverbe « qu’à cheval donné on ne regarde pas la bride ». Mais pendant qu’on donne des subventions aux étudiants, qu’on alloue des allocations fédérales qui n’incitent pas nécessairement vos employés à retourner dans vos commerces, qu’on laisse les magasins à grande surface vendre tous leurs produits sans contrainte, qu’on propose même à vos travailleurs de se recycler dans le milieu de la santé pour plus de 20 $/heure… qu’est-ce qui est fait pour la santé financière des propriétaires de commerces de quartier? La réponse : une réduction POSSIBLE de ses dépenses pour les TROIS prochains mois. Et l’on sort la FANFARE!
C’est pourquoi nous demandons aux GOUVERNEMENTS PROVINCIAL ET FÉDÉRAL de revoir cette mesure en trouvant un moyen d’éliminer la règle du 70% de baisse de revenus et de compenser les plus petites entreprises pour les 25 % de frais de loyer restants quitte à descendre le plafond de loyer de 50 000 $/mois à 20 000 $/mois.
SUBVENTION SALARIALE À 75 %
C’est ce matin que devrait être en ligne le formulaire pour la demande de subvention salariale à 75 %. Nous y reviendrons cette semaine avec plus de détails selon notre propre expérience.
Pour ceux qui ont acheté des billets pour la première représentation (voir notre infolettre du 23 avril dernier), vous pouvez toujours prendre connaissance du webinaire de la Chambre de commerce Montréal Métropolitain que notre collègue Myriam Courville a suivi la semaine dernière et qui donne de très bonnes explications sur l’application de cette mesure.
Par contre attention, pour faire vos calculs, la chose n’est pas simple comme l’explique le Centre Québécois de formation en fiscalité (CQFF) avec ses articles du 14 avril et du 20 avril. De quoi faire appel à votre comptable!
RAPPEL DE NOTRE CONTACT AVEC LA FCEI
Pour ceux et celles qui ont manqué notre infolettre du 24 avril dernier, nous vous rappelons que vous avez un accès direct pour poser vos différentes questions et donner vos commentaires sur les mesures gouvernementales à M. RÉMY CÔTÉ à l’adresse suivante remy.cote@fcei.ca ou par téléphone au 819 698-7904.
Bonne journée… et à demain matin!
Pour plus d’informations, consultez notre page web COVID-19 et votre commerce.